Le projet d’établissement

1. La formation continue des enseignants

Notre école se veut en recherche constante par rapport aux fondements pédagogiques dont elle s’inspire. Pour cette raison, les professeurs s’engagent lors de la signature de leur contrat à participer :
– au travail hebdomadaire du collège de tous les professeurs (concertation) ;
– à une formation personnelle en Belgique ou à l’étranger,
– à la participation à des séminaires, des rencontres internationales.
Notre école est de ce fait en recherche active pour obtenir des fonds permettant à ses professeurs de poursuivre leur formation.

Les instituteurs tant du maternel que du primaire se réunissent à un rythme régulier pour mettre en commun leur travail pédagogique. Ils confrontent leurs expériences, leurs observations, les nourrissant d’une étude approfondie de la nature humaine et dégagent de ce travail commun des perspectives tant pour l’évolution et l’évaluation de chaque enfant que pour l’élaboration des activités dans leur essence, au sein de chaque groupe.

2. Le choix pédagogique des parents

Notre école se veut le garant du libre choix des parents pour la pédagogie Steiner.
En pratique, nous constatons que, en parallèle aux parents qui choisissent la pédagogie Steiner en connaissance de cause :
– Quelques parents, peu satisfaits d’autres écoles, arrivent sans conviction particulière vis-à-vis de la pédagogie Steiner.
– Certains parents, ayant un enfant en difficulté scolaire, trouvent intéressant que notre pédagogie ne pénalise pas l’échec à l’apprentissage et utilise essentiellement une évaluation formative. Les évaluations descriptives sont formatives pour l’enfant qui est guidé par des commentaires nuancés et circonstanciés. Les manières différentes d’appréhender les matières n’enlèvent rien à la rigueur des fondements et des finalités de la méthode.

Englobant l’évolution de l’être humain dans sa totalité, l’école parvient à intégrer des enfants ayant certaines difficultés ou problématiques d’évolution ou de comportement. Toutefois, afin de garder une harmonie dans l’école et de permettre un apprentissage de qualité pour tous les élèves, il nous faut toujours veiller à préserver le bon équilibre, tant au sein des classes que dans l’ensemble de l’école. Des classes équilibrées permettent aux enfants en difficulté d’évoluer dans des groupes harmonieux où ils pourront garder ou retrouver confiance en eux.
Nous travaillons en collaboration avec notre centre P.M.S., afin d’améliorer la qualité du suivi spécifique des enfants qui en ont besoin.
Un soutien scolaire est également mis en place pour les enfants ayant été absents pour cause de maladie, ou éprouvant des difficultés particulières à l’égard d’une matière.

3. Apprendre avec la main, le cœur et la tête

La pédagogie Steiner veille à stimuler tous les registres d’apprentissage, et ce en fonction de l’étape du développement de l’enfant. Ces registres sont d’ordre volontaire, artistique et intellectuel. Ils sont en relation avec l’évolution de l’humanité, tant dans son histoire que dans son rapport à l’environnement. Ainsi les enfants font leur apprentissage d’abord au contact de matériaux nobles tels que terre, pierre, bois, laine… et des mondes végétal et animal. Ils en expérimentent concrètement les transformations, par exemple du semis du grain au pain, de la laine brute à la laine teintée naturellement et à son tissage, de la traite de la vache au yaourt…
Dans le cycle primaire, les élèves sont amenés à ressentir et exprimer de façon artistique ces évolutions et ces transformations à partir desquelles le professeur fait progressivement naître les apprentissages plus conceptuels. Chaque élève est nourri par l’expérience, la vie artistique, le ressenti, l’expression et l’apprentissage en profondeur. Ainsi les enfants travaillent les éléments vitaux et premiers de l’expérience humaine. Forts de ces expériences et se reposant sur celles-ci plus tard, ils pourront eux-mêmes élargir l’éventail des activités humaines qui existent et devenir co-créateurs. Au cycle secondaire, les élèves aborderont le monde de manière de plus en plus scientifique, sur base des expériences d’apprentissage acquises au cours des deux premières septaines. La même démarche pédagogique se poursuit, en fonction du programme inhérent à notre pédagogie, programme qui propose aux différents âges de la scolarité les projets et actions concrètes nourrissant le vécu intérieur des enfants. L’élève pourra ainsi forger, lors du cycle secondaire, ses concepts, son sens critique, son jugement personnel et s’acheminer vers la liberté du penser.

4. L’environnement

L’école a pour objectif de développer chez les enfants le respect du milieu naturel et du patrimoine architectural en leur offrant un environnement de qualité. Son projet vise à ce qu’à tous les niveaux soient nourris les sens esthétique et moral de chacun, tant par le choix des matériaux de construction de l’école et du matériel pédagogique que par l’attention portée au recyclage et au tri sélectif.
Parmi les activités des classes primaires, notons entre autres l’exploration de la région sous ses divers aspects (botanique, géographique, historique, culturel, rencontres diverses, notamment avec des artisans, agriculteurs, entrepreneurs…) que ce soit sur le site de l’école ou lors d’excursions à pied, à vélo. Tout aménagement ou construction de nouveaux bâtiments de l’école et de ses abords sont une source d’éveil et d’application pédagogique.

5. Les actions concrètes et particulières

Elles peuvent varier d’une année à l’autre.

-ouverture au monde, notamment: découverte d’une ferme pratiquant une agriculture respectueuse de l’environnement, si possible biodynamique;
-activités culturelles, notamment : visites de musées, conférences, concerts, films documentaires, découverte du patrimoine; invitation d’artistes et animations à l’école; ateliers d’eurythmie et de musique; visites d’artisans, initiation à diverses techniques artisanales dans le cadre du cours de travaux manuels.

Pour pouvoir réaliser la plupart de ces objectifs il est nécessaire que l’école recherche des fonds supplémentaires, les subsides de la Communauté française étant malheureusement insuffisants pour financer tous les besoins de la pédagogie Steiner.

6. L’harmonisation des transitions entre le maternel, le primaire et le secondaire

6a. Entre le maternel et le primaire

Quand l’enfant, vers 6-7 ans arrive à un premier terme de son développement physiologique, les forces vitales jusqu’alors mobilisées pour cette croissance deviennent disponibles pour de nouvelles formes d’apprentissage qui seront développées durant l’enseignement primaire (cf. projet pédagogique).
Dans le respect du rythme d’apprentissage des enfants, ceux-ci sont reçus au plus tard en mai/juin de l’année civile de leur entrée en primaire par la commission d’évaluation de la maturité scolaire. Cette commission est composée d’enseignants, parfois accompagnés de conseillers extérieurs et se base sur un critérium propre à la pédagogie Steiner.
C’est dans le respect profond de ce potentiel de forces fondamentales, nécessaires à toute une vie que les enseignants font une estimation fort approfondie, sur base des fondements de cette pédagogie, de la maturité de chaque enfant en âge de scolarité. Les enfants sont observés dans leurs expressions volontaires, sociales et intellectuelles tant isolément que dans leurs rapports réciproques, un certain équilibre étant nécessaire entre ces différentes composantes. Au travers de cette démarche, les enseignants souhaitent respecter le rythme naturel de croissance et d’acquisition des facultés de l’enfant.
Ils veillent aussi à grouper les enfants par âge dans les classes, sans redoublement, afin qu’une homogénéité d’évolution règne au sein des groupes. Précisons qu’il ne s’agit pas de laisser les enfants mener librement leur apprentissage selon leur propre envie mais de les guider en respectant les potentialités et spécificités de chacun.

6b. Entre le primaire et le secondaire

Nous travaillons à ce que les élèves vivent cette transition de la manière la plus harmonieuse possible.
D’autre part, parents et enseignants espèrent qu’en vertu de la volonté de la Communauté française de tisser des liens réels entre l’enseignement primaire et le premier cycle du secondaire, il sera bientôt possible de réaliser l’école du fondement en 8 ans, forme qui est chère à la pédagogie Steiner, et qui est pratiquée dans la plupart des écoles Steiner dans le monde entier.

7. L’année complémentaire

Si la commission d’admission en première classe fait apparaître que certains enfants n’ont pas encore la maturité et l’équilibre suffisant entre la vie de la pensée, du sentiment et de la volonté qui leur permettent de bénéficier dès l’année scolaire suivante de l’enseignement primaire, l’école organise, pour eux, une année complémentaire, dans le cadre des jardins d’enfants. Ils y suivent un cours d’éducation physique et un cours de morale et participent par ailleurs, tous les jours, à des activités spécifiques dans les jardins d’enfants. Un dossier pédagogique individualisé est conservé à l’école. Ce dossier contient entre autre une synthèse des constats effectués par la commission qui a évalué l’enfant ainsi qu’une description des activités différenciées dont il bénéficie. La participation à cette année complémentaire est tributaire de l’autorisation de la Communauté française, sur base du dossier envoyé par les parents, de l’avis de l’école et du Centre PMS.
Le soin apporté à l’évaluation du moment opportun pour l’entrée en première année primaire devrait permettre à tous les enfants de suivre une scolarité primaire continue. Dans certains cas, une année complémentaire doit pourtant être organisée pour les enfants rencontrant de grandes difficultés scolaires. Avant d’envisager cette solution -l’idéal restant de laisser un enfant dans la classe de son groupe d’âge -l’évolution globale de l’enfant est analysée par les enseignants de la classe qu’il fréquente, en collaboration avec les parents: évolution scolaire, évolution de la maturité, vécu particulier de l’enfant au niveau de la santé tant physique que psychique… etc. Un dossier est réalisé comprenant les différentes observations, compte-rendu de réunions ainsi que la décision concernant l’organisation d’une année complémentaire. Au cas où l’année complémentaire est jugée adéquate, ce dossier sert de base pour établir les actions pédagogiques spécifiques à mettre en œuvre pour aider l’enfant à surmonter les difficultés rencontrées. La collaboration, en priorité avec les parents, avec des intervenants extérieurs ensuite, est envisagée. En ce qui concerne les enfants venant d’autres écoles et ayant échoué l’année scolaire précédente, une évaluation de la maturité et des connaissances scolaires sert de base :
– au choix de la classe adéquate
– à la constitution du dossier d’année complémentaire éventuelle.

8. Les rythmes pédagogiques

Une des clefs méthodologiques essentielles du niveau maternel est la prise en considération des rythmes de vie : quotidien, hebdomadaire, saisonnier, annuel afin d’offrir à l’enfant repères et sécurité. Cette vie rythmée demeure fondée pour tous les niveaux, générant forces, bien-être et intériorisation profonde des apprentissages.
Pour le primaire, dans le respect des rythmes propres à la nature de l’enfant et dont découlent nos choix pédagogiques, nous travaillons par périodes de trois à cinq semaines pendant lesquelles une matière est travaillée principalement au cours des deux premières heures de la matinée. Au sein de ces deux heures dites d’enseignement principal, le travail est réparti et varié de façon à mettre en activité différentes sphères de la vie de l’enfant : volontaire, artistique et intellectuelle (faire, ressentir, comprendre).
Dans le respect des consignes légales en matière d’horaire, il est important que le professeur garde une souplesse dans l’organisation du temps scolaire, afin de trouver à chaque instant la meilleure forme de travail possible. De même, les aspects éthiques de la vie sont regardés en fonction de la vie de la classe et pas uniquement durant le cours de morale non confessionnelle. C’est pourquoi, il nous paraît essentiel que le cours de morale soit donné par le titulaire de la classe.
C’est notamment de cette manière que l’école rencontre le troisième objectif dé l’article 6 du décret « missions » : « préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développem.ent d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures. »