Le projet pédagogique

1. Permettre l’épanouissement de l’individualité de chaque enfant, par l’acte pédagogique du professeur

Tant au jardin d’enfants que dans les classes primaires, l’enfant reste plusieurs années avec un même titulaire, accompagné de professeurs spécialisés. L’enseignant prend connaissance de la biographie de l’enfant, notamment par des entretiens approfondis avec les parents. Ces données sont confidentielles, uniquement à l’usage du titulaire de l’enfant durant le temps de sa prise en charge (pas de copie). Pour le respect de la vie privée, les données recueillies sont détruites quand l’enfant quitte l’école. L’enseignant met en pratique des interventions diversifiées de manière à sensibiliser chaque enfant, même lorsqu’il s’agit d’une activité ou d’un apprentissage réunissant toute la classe. Au jardin d’enfants, la qualité de l’environnement matériel et humain forme l’enfant au sein d’une vie de groupe. À partir de la deuxième septaine, l’étude des tempéraments des enfants constitue pour les professeurs un instrument méthodologique privilégié pour différencier l’enseignement. Le travail intérieur de l’enseignant est essentiel pour lui permettre de chercher l’attitude appropriée face à chaque enfant.

2. Donner aux enfants l’occasion de vivre pleinement dans la qualité propre à chaque étape de leur développement

Rudolf Steiner a réalisé de nombreuses observations du développement humain, ce qui l’amena établir les lois générales à la base de sa pédagogie. L’enseignant veille à respecter la manière dont ces lois s’expriment chez chaque enfant. Les étapes principales de ce développement se succèdent approximativement de sept en sept ans. Chaque septaine étant la métamorphose de la précédente, le professeur s’appuie sur cette dynamique pour apporter à l’enfant ce qui correspond à chaque étape de son développement. Durant chaque septaine se développe de manière privilégiée une des trois facultés de l’âme : première septaine la volonté, deuxième septaine le sentiment, troisième septaine la pensée.

*    Jusqu’à sept ans (environ), l’enfant se développe principalement en agissant, en faisant (la volonté, à comprendre à cet âge comme étant un enthousiasme pour la vie qui porte à agir). Il imite les personnes qui l’entourent. L’enseignant en tient compte dans sa manière d’agir et veille du mieux qu’il peut à ce que celle-ci soit digne d’être imitée. La qualité essentielle que ressent l’enfant durant cette septaine est la bonté du monde. Nous voulons permettre à l’enfant de vivre cette bonté, lui laisser l’occasion de vivre la vénération naturelle qu’il porte au monde qui l’entoure. C’est pourquoi nous le protégeons dans la mesure du possible des agressions multiples de la vie moderne (y compris des sur-stimulations audiovisuelles du monde des médias et des jeux électroniques).

Les forces acquises durant cette période l’accompagneront tout au long de sa vie.
*    Au cours de la deuxième septaine, l’enfant se développe principalement en se liant au monde par le sentiment.
Il recherche un lien d’autorité avec l’enseignant, autorité bienveillante venant d’un adulte qui est auteur de ce qu’il enseigne.
La qualité essentielle que ressent l’enfant durant cette septaine est la beauté du monde, d’où l’importance de le nourrir tout spécialement à cet âge par des activités artistiques qui servent de base, dans cette pédagogie, à tout apprentissage. Dans son enseignement, l’enseignant s’efforce d’offrir à l’enfant des images qui lui permettent de ressentir l’essence des choses. L’enseignant présente les concepts au travers d’images ou de métaphores, ce qui permet de les caractériser plutôt que de les définir. Cela amène l’enfant à acquérir une pensée vivante et créatrice.

*    C’est au cours de la troisième septaine, qui sort du cadre de ce projet pédagogique, que se développe à proprement parler une étude conceptuelle et scientifique du monde qui, dans le domaine de la pensée, nourrit la soif de véracité de l’adolescent. Et on ne peut comprendre réellement l’action pédagogique dans les deux premières septaines qu’en la replaçant dans le processus complet de cette pédagogie.
À l’école primaire, les matières qui sont proposées chaque année aux enfants sont choisies en fonction de leur développement. Il est donc important que les groupes d’enfants (les classes) soient constitués de manière relativement homogène quant à l’âge et la maturité sociale et volontaire des enfants. Des critères purement intellectuels ne suffisent pas. Le moment du passage du jardin d’enfants en primaire sera donc examiné attentivement par une commission choisie par le collège des professeurs. Sauf cas exceptionnel, l’enfant suivra alors la scolarité primaire sans redoublement. Les enseignants de l’école poursuivent un travail commun et régulier d’étude des lois générales du développement des enfants.

3. Permettre à l’enfant de s’ouvrir à une compréhension du monde tant du point de vue matériel que spirituel

Pour ce faire, l’enseignant veille à ce que la pratique pédagogique nourrisse la vie sensorielle de l’enfant comprise dans un sens plus large que de coutume. Douze sens sont pris en considération : le toucher, le sens de la vie, le sens du mouvement propre, le sens de l’équilibre, l’odorat, le goût, la vue, le sens de la chaleur, l’ouïe, le sens du langage, le sens de la pensée d’autrui, le sens du moi d’autrui.

4. Immersion approfondie dans la matière pédagogique et repos

Au jardin d’enfants, le rythme et la répétition sont des outils qui permettent à l’enfant d’intégrer profondément ce qu’il expérimente au quotidien; les rythmes se déploient sur le plan journalier, hebdomadaire et annuel.
Dans les classes primaires, l’apprentissage des matières par périodes de trois à cinq semaines, puis la possibilité d’abandonner tout un temps le sujet avant d’y revenir, donnent une possibilité de maturation en profondeur.
Et de la même manière, sur l’ensemble de la scolarité, ce que l’enfant a appris au travers du mouvement et de l’action au jardin d’enfants est élaboré et intégré durant la deuxième septaine par le biais du sentiment et du travail artistique. De cette façon, le travail de la troisième septaine, qui est celui de la pensée rigoureuse et de l’élaboration de concepts, ne se fait pas in abstracto mais sur base d’un vécu, ancré dans la vie de sentiment
de l’enfant.

5. Équilibre psychologique

Pour permettre à chaque enfant de tendre vers un équilibre psychologique tant au jardin d’enfants que dans les classes primaires, les enseignants veillent à donner à chacun l’occasion de vivre dans l’alternance de la polarité « ouverture sur le monde » et « retour en soi ». Cette polarité est vécue, telle une respiration harmonieuse, dans les activités diverses et les cours, dans le déroulement des journées mais aussi en suivant la respiration de la terre en une année, au fil des saisons et des fêtes qui la jalonnent.
La polarité «pensée/réflexion» et «activité volontaire/motricité » est une autre dimension essentielle que la pédagogie vise à faire vivre de manière équilibrée dans la succession des activités et des cours, des rythmes quotidiens, mensuels et annuels. L’équilibre et l’harmonie entre les polarités, conditions nécessaires à l’existence de la liberté de l’être humain, sont aussi recherchés par l’exercice des facultés et des aptitudes artistiques, dans toutes les classes et dans tous les cours. La sensibilité artistique peut ainsi être développée, jusqu’à devenir, chez l’adulte, un organe de perception de l’équilibre ou du déséquilibre des processus psychiques et sociaux.

Outre la dimension artistique développée dans chaque cours et matière, les enfants bénéficient aussi d’ateliers artistiques spécifiques, notamment les ateliers de musique et d’eurythmie.

6. Éduquer vers la liberté

Pour que les enfants puissent développer une liberté de penser, il importe qu’ils ne soient pas confrontés d’emblée à des concepts figés. L’enseignant sera donc attentif à caractériser plutôt qu’à définir. De la même manière, pour forger l’outil de pensée, le processus de pensée est plus important que les connaissances en tant que telles. La démarche de l’apprentissage part de l’expérience, passe par le ressentir pour aller vers une condensation dans le penser.

 

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L’école Steiner-Waldorf, depuis 75 ans, est fondée sur l’idée de la liberté de l’homme

Convaincue que l’amour, la confiance et l’enthousiasme, aux lieu et place de l’ambition, la crainte et la compétition, dotent les enfants de la sérénité et des forces qui leur seront indispensables pour avancer dans un monde incertain, y réaliser leur projet d’existence, en contribuant au progrès de l’homme.

Croire en chaque enfant

Accueillir l’enfant à l’école, cela signifie le reconnaître dans sa personne individuelle, établir avec lui une relation de confiance et de responsabilité dans la continuité. Lorsque ces bases sont posées, l’école peut alors répondre aux besoins fondamentaux de l’être humain en développement qui lui est confié. La tâche de l’enseignant devient alors de favoriser l’épanouissement de chaque enfant dont il a la charge, de l’accompagner vers la découverte de sa voie originale.

Pour tous

L’école de la providence est accessible à tous les enfants, de la première maternelle ( jardin d’enfants) à la sixième primaire.sans distinction d’aucune sorte, ethnique, sociale, politique ou religieuse. L’école Steiner-Waldorf considère que les activités politiques, confessionnelles ou commerciales ne relèvent pas de ses buts. Elle refuse le sectarisme sous toutes ses formes.

Tous les enfants sont susceptibles de s’intégrer et de réussir dans le cadre de la pédagogie Steiner-Waldorf : qu’ils soient plutôt intellectuels, manuels, artistes ou même qu’ils aient des difficultés particulières. Le dialogue constant entre parents et enseignants permet de définir pour chaque enfant le parcours le mieux adapté.

L’intégration sociale

L’un des objectifs de l’école est de former de futurs citoyens qui trouveront leur place dans la société et de les préparer à enrichir la vie sociale de leurs potentialités et aspirations individuelles.

Suivi, bulletins et notations

Le suivi par le même professeur (instituteur) durant tout le premier cycle offre à celui-ci la meilleure possibilité d’évaluer exactement où se trouve chacun de ses élèves dans sa progression. Les rapports constants des professeurs entre eux et avec les parents lors des réunions mensuelles, permettent de mener à bien les missions d’évaluation. Parce que les notes ne sont qu’un reflet partiel des connaissances de l’enfant, elles sont remplacées, pour le cycle primaire, par un bulletin annuel présentant un portrait de l’enfant et de son comportement. Il témoigne du parcours de l’élève et de son atteinte des objectifs fixés, il décrit ses points forts et ses points faibles.